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1- Définition de la banque

Il serait réducteur de définir la banque comme le commerce de l'argent : Achat et vente de monnaie. L'univers de la banque est bien plus que ça : c'est une entreprise de services qui permet à l'économie, et aux acteurs économiques, de pouvoir échanger dans un équilibre global.

Le rôle de la banque est étroitement lié au rôle de la monnaie. C'est un régulateur, qui nécessite d'être encadré par l'État, les institutions. La monnaie ayant considérablement évolué ces dernières années, la banque a du faire face a ces changements. C'est dans ce contexte qu'est apparu une multitude de services qui permettent aux acteurs économiques de pouvoir mieux gérer leur argent, avec les outils modernes.

Afin de mieux comprendre ce qu'est la banque d'aujourd'hui, nous allons faire un bref aperçu historique de la banque puis ferons un état des lieux de ce secteur aujourd'hui. 

 

 

A - Un peu d'histoire

 

L'origine de la banque remonte à l'Antiquité, à l'époque où l'être humain a créé la monnaie. La monnaie a très vite été un média qui a permis de reconnaître la valeur ajoutée dans les échanges, mais aussi, un instrument de pouvoir.

 
 
A1 - La monnaie et son rôle dans l'Antiquité

 

Chez les égyptiens, la monnaie est très vite apparu sous forme de pièces d'or. L'or, par sa couleur jaune, faisait référence au dieu des dieux RÂ, le soleil.

Par ce symbole, nous voyons ici l'importance que la monnaie a pu prendre dans la civilisation égyptienne.

D'un côté, les marchands, nomades, voyaient en la monnaie  un instrument d'échange et de valorisation de leurs commerces ; de l'autre côté, l'or amassé par l'Etat permettait d'asseoir le pouvoir du pharaon. Ces commerçants nomades, la plupart des juifs, sont repartis en Israël. Ils ont donc véhiculé la monnaie comme instrument d'échange vers le nord. La Grèce a donc pris la monnaie tout naturellement, afin de favoriser les échanges entre les cités. Ainsi, l'expansion de la Grèce a permis une expansion aussi de la monnaie. Très vite, les Grecs se sont aperçus des travers que pouvaient avoir le système d'échange par la monnaie. Avec l'apparition de la philosophie, la monnaie va prendre une autre dimension. Pour Socrate, ce qui doit primer, c'est le collectif. Les échanges doivent s'exprimer dans leur globalité et l'on doit éviter d'empiler la monnaie afin de que les échanges restent fluides. Toutefois, l'initiative doit rester quand même individuelle, dans cet état d'esprit collectif (la gnose).

Pour Aristote,  (La Politique, Éthique à Nicomaque), la monnaie est un véhicule de la valeur ajoutée des êtres humains. L'empilement de la monnaie reste dans la nature de l'homme, car il traduit la force de vie qu'il a en lui. La propriété est une bonne chose, à condition que l'on prenne soin de cette dernière, au lieu d'essayer d'obtenir un maximum de richesses sans en prendre soin. 

Les crises de pouvoirs et des crises de la dette des cités grecques vont affaiblir le système politique mis en place au profit des Romains. 

L'expansion de Rome dans toute la Méditerranée va se faire progressivement. Différentes monnaies vont alors se rencontrer et s'échanger par des intermédiaires. C'est finalement l'apparition d'un nouveau métier que l'on va appeler les changeurs. L'Expansion des cités va alors se faire grâce à la technologie, les matières premières avoisinantes, le degré de connaissance de la population et la paix. Les différentes religions vont aussi prendre leur essor dans ce contexte. La monnaie est un formidable instrument de pouvoir qu'il faut réguler par l'éthique. Des philosophes religieux du moyen âge vont reprendre des idées d'Aristote, un peu en contradiction avec la doctrine religieuse du moment. C'est le cas d'Ibr Rujd pour les musulmans, Maïmounide pour les juifs, et Saint-Augustin pour les chrétiens. Un peu en vain, la monnaie va rester un formidable instrument de pouvoir, justifiant de nombreuses guerres.

 

A2 - Le rôle des changeurs dans l'économie Jusqu'au XIXe siècle

 

Certaines cités vont permettre de faire émerger de très grandes fortunes. C'est le cas de Venise, qui connait au Moyen Âge une très forte expansion grâce notamment au commerce, mais aussi grâce à système très élaboré de change, venu de Chine. C'est l'apparition de la monnaie scripturale qui permet de pouvoir transporter plus de marchandises et moins de pièces dans les bateaux. Les changeurs se situaient autour de la place Saint-Marc, vers le débarcadère, il s'installait sur les bancs... C'est sans doute l'origine du mot "banca" qui donnera naissance au mot Banque. 

Autre peuple commerçants : les hollandais. Ils vont développer leur commerce autour de projets reprenant la monnaie scripturale. D'abord à Anvers ou l'apparition de l'imprimerie va permettre de créer des billets, ce qui va favoriser le commerce en plus gros volume, puis Amsterdam où la première société capitaliste va apparaître,  la compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Ce modèle de réussite donnera naissance aux bourses, ainsi qu'aux établissements financiers, et de la banque.

En France au XVIIIe siècle, nous avons un nouveau modèle économique que Voltaire créera : la coopérative, avec la Manufacture Royale des Montres de Ferney. Le principe pour créer l'essor économique, sera de prêter de l'argent aux entrepreneurs à taux zéro, et de louer à bas prix des logements afin que les artisans puissent produire les montres, qui auront un franc succès. 

La révolution française va changer le modèle politique de la France, mais aussi créer une crise monétaire sans précédent. Danton puis Necker vont tenter de redresser la monnaie de l'époque sans y arriver vraiment. C'est Napoléon, en arrivant au pouvoir, qui va créer non seulement la Banque de France mais aussi la monnaie de notre pays : le franc. L'essor de notre pays, favorisé par les conquêtes de nos pays voisins, va permettre au Franc de devenir rapidement une monnaie très puissante, jusqu'au déclin de l'empire. Les banques françaises de l'époque prêtent massivement aux manufactures, afin que ces dernières puissent évoluer et produire plus. Certains banquiers italiens et néerlandais viendront en France pour ouvrir des bureaux afin d'aider les entreprises à se développer. 

Par décret, Napoléon III crée une banque française spécialisée dans l'introduction en bourse des entreprises, c'est la Société Générale.

À la fin du XIXe siècle, un certain nombre de tontines vont apparaître. Des agriculteurs vont se regrouper afin d'aider les nouvelles générations à s'installer. Idem pour les commerçants et les artisans. Ces tontines vont se développer et devenir des banques à part entière : les banques mutualistes.

A l'aube du XXe siècle, la Banque est un formidable outil qui permet aux entreprises de trouver des fonds afin de pouvoir investir et produire sur une échelle plus importante : c'est l'essor de l'industrie.

A5 - La révolution numérique dans la banque

 

Afin de limiter les coûts d'opérations sans valeur ajoutée, les banques ont pris à leur compte la révolution numérique.

À l'heure d'Internet, elles ont multiplié les portails, les applications pour smart phones, les alertes SMS, les centres d'appels, les relevés dématerialisés...

Concernant les moyens de paiements, la banque à réussi à supplanter le paiement par chèque par la carte bancaire, elle même ayant évolué vers le crédit directement. Certaines banques ont développé des applications afin de rendre le téléphone portable moyen de paiement électronique.

Concernant la gestion de l'épargne, elle a rendu possible la gestion automatisée des comptes et favorisé l'accès aux comptes par internet.

La révolution numérique permet à ceux qui suivent les marchés financiers de pouvoir passer des ordres de bourse quasiment en temps réel. 

Pour les crédits, elle a favorisé l'accès au crédit court terme en permettant à ses clients de gérer leur réserve, à d'autres de faire leur demande de financement en ligne.

L'apport du numérique dans la banque ne s'arrête pas là. 

Toutes les banques ont maintenant développé des sites marchands où les clients avisés peuvent souscrire des produits et des services en ligne, sans les contraintes d'horaires des agences.

Dans la gestion du portefeuille au quotidien, l'informatique à permis de développer des techniques de scoring, permettant d'une part de segmenter de plus en plus finement la clientèle et faire du traitement de masse sur certaines opérations commerciales, et d'autre part permettre de segmenter la clientèle par le risque avec la norme KYC (know your client). Ainsi, la banque est outillée pour gérer les risques sur des milliers de clients tous les jours.

Concernant la clientèle de professionnels, et d'entreprises, le numérique permet d'analyser un client plus rapidement, et répondre à sa demande bien plus rapidement. Ainsi, l'escompte s'est de plus en plus dématerialisé, la cession de facture en affacturage ou en Dailly se fait en numérique, via des logiciels spécifiques. 

Enfin, concernant les dossiers d'investissement, ils se transmettent du monteur au décideur selon des progiciels de gestion de plus en plus performants. 

Ainsi, les temps de décisions sont écourtés, les analyses plus précises, le risque est de plus en plus maîtrisé, ce qui permet de proposer des financements à des coûts moins importants.

Cette révolution du numérique a cependant un travers : autant il parait évident qu'il apporte une valeur ajoutée pour les activités traditionnelles tels que les commerçants, les artisans, les PME industrielles par exemple, autant il ne paraît pas adapté pour les entreprises innovantes. En effet, toute création est par nature une critique ou une évolution de ce qui est établi. Comment alors coter une activité nouvelle qui par définition n'a pas de recul, ni parfois même un marché...

Ainsi, il n'est pas certain que le nouveau Bill Gates ou Steve Jobs puisse aujourd'hui lancer son idée sans connaître de déboires... Avec pour malheureuse réponse :"c'est l'ordinateur qui bloque..."

 

 

 

A3 - La banque du XXe siècle dans l'économie de marché et dans le système communiste.

 

Finalement, quand on regarde la banque du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la clientèle de particuliers est très peu représentée. L'activité bancaire est essentiellement tournée vers les entreprises, et vers les actionnaires.

Ainsi, naturellement, la banque deviendra l'emblème du système capitaliste, qui s'opposera au système communiste. 

 

Dans une économie libérale, la banque par sa fonction de distribution de capitaux, favorise la création d'entreprise donc l'initiative libérale. Elle se rémunère et se rembourse sur les bénéfices que fait cette dernière. Elle favorise la circulation des capitaux et l'émergence de nouveaux marchés. Elle veille  à maîtriser ses propres risques tout en développant ses opportunités. Elle est un formidable vecteur de croissance ou bien de relance économique.

 

Dans un système communiste, les initiatives individuelles sont remplacées par l'initiative collective où l'Etat joue un rôle prédominant. La circulation libre des biens et des services est remplacée par une économie de subsistance des besoins. La banque devient un instrument du pouvoir en place, en distribuant la monnaie non plus sur des critères économiques, mais bien sur des critères politiques.

 

Le développement de la banque avec le marché des particuliers ce développera après la fin de la deuxième guerre mondiale. Avec la distribution du plan Marshall, les banques sont nationalisées. Mais, contrairement au système communiste, l'initiative est préservée, ce qui permet de relancer la croissance et de reconstruire le pays rapidement. La banque collecte des fonds de l'épargne pour reconstruire des logements sociaux grâce aux livrets, puis elle favorise l'accès à la propriété en créant deux nouveaux produits pour les particuliers tels que le plan et le compte épargne logement.

Elle va favoriser le développement économique en créant un livret qui va permettre de financer les nouvelles initiatives d'entreprise c'est le Codevi, rebaptisé plus tard le LDD.

 

Elle va doper l'économie en introduisant le crédit dans la consommation. Les particuliers vont pouvoir s'équiper plus rapidement en voiture, en ordinateur, et autres biens d'équipement. Sans l'usage du crédit, ces industries ne serait pas devenues ce qu'elles sont aujourd'hui.

 

Le commerce et notamment la grande distribution va bénéficier des apports technologiques de la banque en acceptant le paiement par carte bancaire qui deviendra rapidement une carte de crédit.

 

 

A4 - La banque et le particulier

 

À la fin du XXe siècle, en France, l'État demande la généralisation des comptes bancaires pour le particulier. C'est la mission du droit au compte. 

Ainsi tous les salariés du privé ou du public, se doivent aujourd'hui d'avoir un compte bancaire, Ce qui participe à favoriser la multiplication des comptes bancaires, des comptes d'épargne, les services, les crédits et l'apparition de l'assurance IARD dans la banque.

 

Progressivement, la banque à étendu son domaine d'activité de la clientèle haut de gamme traditionnelle vers une clientèle populaire, qui a d'autres besoins, et dont parfois la simple possession d'un compte bancaire pose de nombreuses difficultés. Il a fallu pour la banque s'adapter à cette nouvelle donne, génératrice d'opportunités commerciales mais aussi génératrice de risques.

Ainsi, afin de rentabiliser les comptes, de nouveaux services de banque à distance ont vu le jour : les guichets automatiques, les portails internet, les plateformes téléphoniques. La rentabilité devient alors plus évidente : les agences bancaires se consacrent de plus en plus au commercial, en abandonnant les tâches de service public sans valeur ajoutée. Ainsi, plus de retrait au guichet, les virements sont effectués à distance.

Les banques ont aussi développé des nouvelles formules d'épargnes, soit très simples comme les LEP ou les livrets boostés, jusqu'aux produits sophistiqués comme l'assurance vie multisupports qui permet d'accéder à une rémunération plus importante par les marchés financiers tout en sécurisant une partie de ses avoirs. 

Pour la clientèle moyen et haut de gamme, la banque à créé des outils de diversification de son épargne, sur l'immobilier, sur l'investissement éthique, l'investissement socialement responsable... La créativité des supports ne manque pas. 

Sur les crédits, là aussi de nouvelles formes de financements sont apparus, qui permettent d'éviter des situations de risque quand on reste trop à découvert. C'est le cas des prêts personnels, des réserves de crédit renouvelable et des crédits de restructuration. Concernant les crédits immobiliers, les montages entre les différents dispositifs de prêts aidés (taux zéro, P.A.S., prêt Épargne Logement, prêt 1% patronal...) et de prêts classiques à taux fixes, ou à taux variable capés permettent à des milliers de couples d'accéder à la propriété. 

Enfin, concernant le problème de la retraite, un certain nombre de supports ont été créés, d'épargne, de crédits mais aussi d'assurances afin de permettre à la clientèle de passer une retraite la plus sereine possible.

Tous ces supports répondent finalement à une demande commune très forte : le besoin de sécurité.

 

 

 

 

Tout ce dispositif représente un coût important, que la clientèle de base à du mal à supporter. Avec la multiplication des frais bancaires, les personnes les plus démunies se retrouvent avec des charges parfois importantes au regard de leurs revenus, c'est un peu l'effet pervers de cette réforme sur le droit au compte : la banque est-elle faite pour tous ? Ne sommes-nous pas dans la situation de devoir créer des structures de type micro-crédit tel que l'avait imaginé Mumad Yunnous avec la Gramin Bank ? Celle-ci propose des services bancaires de proximité à très faible coût, avec un principe de mutualisation des risques sur des crédits de faibles montants. Cette banque à eu un formidable succès, permettant au Bengladesh de quitter le statut de pays parmi les plus pauvres du monde, et à son créateur d'obtenir un prix Nobel de la paix.

 

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